Comment communiquer avec son enfant de manière bienveillante et respectueuse ? (3 points pour développer sa confiance et son estime de soi)

Published by Camille et Olivier on

Cet un article a été écrit par Stéphanie Armangau, Analyste Comportementale et Auteur du Blog www.neuro-feminine.com : « Décodez, analysez et influencez vos relations personnelles ». Stéphanie est aussi animatrice du groupe Enfants sacrifiés – Parents toxiques sur Facebook.

Vous y découvrirez de nombreux éléments pour communiquer avec son enfant de manière bienveillante et respectueuse et Stéphanie y aborde plus particulièrement trois points capitaux pour le développement de la confiance et de l’estime de soi :

  1. L’aider à exprimer son opinion personnelle
  2. L’aider à exprimer ses émotions
  3. L’aider à prendre des décisions

Nous remercions chaleureusement Stéphanie pour cet article précieux, avec lequel nous sommes parfaitement en ligne sur tous les points !

(Attention : Si vous être pressé et n’avez pas le temps de le lire tout de suite, rendez-vous quand même au bas de l’article… nous y faisons une annonce importante !)

 

développer confiance et estime de soi enfant

Ma petite à moi était très introvertie, je dis « ma »  petite même si je n’ai fait que l’élever mais pas portée. Sa maman a quitté son papa quand elle avait 2 ans. L’enjeu était double pour moi dès le départ : comment ne pas influencer les décisions d’une enfant déjà tiraillée par le besoin de plaire à chacun de ses parents. Et ensuite comment m’assurer (n’étant pas sa mère) de ne pas polluer son mental tout en lui apprenant à vivre par elle-même, pour elle-même. Aujourd’hui elle a presque 12 ans et notre relation est exceptionnelle.
Notre chance à toutes les deux a résidé dans le fait que lorsque j’ai commencé à m’occuper d’elle je passais des certifications en communication. J’allais devenir Analyste Comportementale. Certes ma famille recomposée à fait office de laboratoire mais j’ai surtout pu l’élever avec tout ce que j’avais appris d’Intelligence Emotionnelle, et avec pour objectifs

  • qu’elle garde son libre arbitre,
  • qu’elle développe son propre esprit critique,
  • qu’elle soit autonome dans sa prise de décisions et qu’elles soient bonnes POUR ELLE.

Il y a 3 grands points que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui qui ont été caractéristiques de son enfance et que nous avons réussi à transformer sur le long terme à force de patience, d’encouragements et surtout de choisir les BONS MOTS pour l’inviter à repenser sa logique inconsciente :

  1. qu’elle exprime SA propre opinion sur les sujets qui la touchent – et pas celle des grands,
  2. qu’elle exprime ses émotions et qu’elle comprenne leur signification,
  3. qu’elle soit capable de faire des choix spontanés.

Je vais vous expliquer la méthode :

L’objectif est simple : faire parler l’enfant. La méthode encore plus facile : le questionner et l’écouter. L’art commence quand vous prenez SOIN DES MOTS que vous choisissez et que vous n’émettez aucune interférence entre vous et le message de l’enfant. C’est à dire que vous ne pré-supposez rien, vous ne faites aucune projection personnelle, vous n’émettez aucun avis, vous ne reformulez même pas ses mots, vous vous contentez d’accueillir LES INFORMATIONS. Gardez toujours à l’esprit que les mots sont des étiquettes qui représentent l’univers mental de chaque individu.

Nos 3 challenges et leurs solutions – à utiliser pour vos enfants, mais aussi si vous êtes le seul conjoint à pratiquer la parentalité bienveillante ou dans le cadre d’une famille recomposée et de parents séparés.

1) Comment l’aider à exprimer son opinion personnelle

La spécialité des enfants, c’est de répéter les convictions de leurs parents. Pour casser ce schéma et les inviter à réfléchir par eux-même, il vous suffit de « creuser » leurs propos. C’est à dire de pousser l’enfant à réfléchir plus profondément. La question magique quand ils partagent un avis c’est : « et ? » répété plusieurs fois de suite. A court d’arguments mémorisés, l’enfant va finir par exprimer ce que ça lui évoque à lui. Une fois que vous serez à l’aise avec le réflexe « et ? », ajoutez y des questions plus spécifiques avec un « quand » ou un « comment ». Exemples :
L’enfant veut partager son état :
Enfant : Mon demi-frère m’énerve !
Adulte : Et ?
E : C’est chiant…
A : Et c’est chiant comment ?
E : Eh bah il m’énerve… (vous notez la boucle, à vous de relancer)
A : Et il t’énerve quand ?
E : Quand il se comporte mal !
A : Et il se comporte mal comment ?
E : Il fait x … y … !!!
A : Et ?
Etc, etc, etc – vous vous arrêtez quand l’enfant a vidé son sac !
L’enfant reprend un argument parental :
E : La voisine a plein de jouets pffffff
A : Et ?
E : Elle est pourrie gâtée
A : Et ?
E : C’est n’importe quoi !
A : Et comment c’est n’importe quoi ?
E : On ne doit pas avoir trop de distractions (« on doit », « je dois », « il faut » expriment généralement des croyances parentales)
A : Et quand est-ce qu’on ne doit pas avoir trop de distractions ?
E : Bah quand on veut être bon à l’école.
C’est alors à vous (référent éducatif) d’intervenir pour expliquer qu’il n’y a aucun lien de cause à effet entre la réussite scolaire et le nombre de jouets. Vous pouvez même aller plus loin et expliquer que le plaisir et le labeur ne sont pas incompatibles. Ne lui assénez pas une nouvelle vérité, expliquez (sous forme encore de questions/réponses) qu’il n’y a JAMAIS QU’UNE VERITE, jamais qu’une seule façon de voir les choses.

communiquer avec votre enfant

2) Comment l’aider à exprimer ses émotions

Certains enfants (pour protéger leur entourage) refoulent leurs émotions. C’est extrêmement grave pour leur construction et interactions futures. S’il y a un seul et unique cadeau à faire à son enfant (quelque soit le sexe) c’est de lui permettre d’exprimer ses ressentis, émotions, sentiments et de les accueillir sans y coller un jugement, une analyse c’est à dire avec empathie et bienveillance. La compassion mal placée n’est pas de l’empathie et influence l’enfant. Restez en aux INFORMATIONS (encore et toujours).
Exemples :
E : Ça ne s’est pas très bien passé cet été avec ma copine.
A : Et tu t’es sentie comment ?
E : Bah, ça m’a rendue triste… (émotion)
A : Tu étais triste de quoi ?
E : Qu’elle n’aime pas comment c’était chez moi (besoin)
A : J’ai appris que tu avais pleuré dimanche (factuel : verbe = action)
E : Oui je ne trouvais plus la chienne, je croyais qu’on l’avait volée.
A : Et tu te sentais comment quand tu as pleuré ?
E : J’avais trop de peine… (émotion)
A : Et en quoi le fait de ne pas trouvé la chienne t’a fait tellement de peine ?
E : Je l’aime tellement, je ne veux pas la perdre (besoin)
Dans cette logique de communication, il est important de mettre en lumière le lien de cause à effet entre l’émotion et le besoin. Je vous rappelle les 6 émotions primaires : joie, tristesse, dégoût, colère, mépris et surprise. Chaque émotion a une signification que vous pouvez apprendre. C’est un signal du cerveau qui va influencer nos décisions et nos comportements. Dans le cadre d’une communication positive il est important de suivre la logique « Je me sens … parce que j’aurais eu ou j’avais besoin de … « .

3) Comment l’aider à prendre des décisions

Les enfants introvertis sont généralement des suiveurs. Ils attendent que vous preniez les décisions pour eux. Ils expriment rarement leurs envies et sont capables de se priver de moments de bonheur par manque de confiance en eux. Ce sont des spécialistes du « je sais pas » ou du « non » – sauf qu’ils en arrivent à ne même plus savoir pourquoi ils refusent. C’est devenu une défense automatique. Alors comment les sortir de là ? Il y a 2 genres de cas de figure (et ça fonctionne pareil chez les adultes) : les personnes qui veulent faire les choses de la bonne manière et les personnes qui veulent choisir parmi plusieurs possibilités.
Dans le premier cas, il suffit de rassurer l’enfant sur le fait que sa manière de faire, de penser est la bonne. Dans le second cas, il suffit de présenter plusieurs options à l’enfant et de le pousser à choisir l’une d’entre elles.
Exemples :
Cas 1
E : La voisine me propose d’aller nous balader en forêt !
A : Tu veux prendre la chienne avec vous ?
E : Nan je ne préfère pas (réponse réflexe)
A : Comment ça tu ne préfères pas ?
E : Bah en fait j’ai peur de ne pas arriver à m’en occuper…
A : Tu sais ma puce, tu seras avec une adulte qui saura prendre les bonnes décisions s’il y a besoin. Elle connait bien la chienne. Tu n’auras qu’à t’en remettre à elle s’il y a un problème. Moi j’ai confiance en toi, je pense que c’est à ta portée. Et si ça ne va pas, vous n’êtes pas loin, tu me ramènes la chienne. (vous venez de soulager l’enfant avec une procédure à suivre)
Cas 2
E : La voisine me propose d’aller nous balader en forêt !
A : Tu veux prendre la chienne avec vous ?
E : Nan je ne préfère pas (réponse réflexe)
A : Comment ça tu ne préfères pas ?
E : Bah en fait j’ai peur de ne pas arriver à m’en occuper…
A : Ok ma puce… Moi j’ai confiance en toi, je t’ai déjà vu faire avec la chienne et je pense que tu es capable de la gérer comme une grande. Mais tu peux la laisser ici. Ou alors si tu veux essayer tu la prends avec toi mais tu la gardes en laisse. Si ça ne va pas, il y a la possibilité de la ramener. Et si ça va bien, tu peux même imaginer la lâcher. Enfin, tu fais comme tu veux. (Vous venez d’obliger l’enfant à envisager plein de possibilités et à se positionner)
E : Bon bah je vais la prendre avec la laisse !
C’est vous qui savez comment est votre enfant, plutôt à respecter une méthode, suivre un file rouge, avoir le sens du travail bien fait. Ou alors s’il est plutôt dans le choix, l’expérimentation de plein de manières de faire différentes.

Avant de vous laisser, j’aimerais ajouter que vous avez probablement noté l’utilisation du COMMENT dans mes phrases et mes questions. Si vous ne devez retenir qu’une chose de mon article, c’est bien celle-ci. Bannissez-le POURQUOI de votre vocabulaire… Pourquoi ? Parce que !!! Pourquoi ? Pour rien ! Pourquoi ? Je sais pas ! Alors que COMMENT oblige le cerveau à cogiter 😉

Stéphanie – ©Neuro-feminine.com

Un grand merci Stéphanie pour ce superbe article, qui tombe à point nommé…

L’annonce  :

Un article qui fait en effet écho à notre “grand projet du moment” : Pour célébrer la sortie imminente de la « version 2 des Fiches Outils du Parent Bienveillant », nous venons de terminer la création de 4 vidéos de formation gratuite à la Parentalité Bienveillante et Respectueuse. Si vous les suivez (ce que nous espérons fortement of course ;-), vous verrez à quel point nous sommes d’accord avec Stéphanie !

Ces 4 vidéos seront mises en ligne la semaine prochaine et voici les sujets que nous allons aborder :

  • Vidéo 1 : Comment adapter votre autorité au stade de développement de votre enfant ?
  • Vidéo 2 : Les 8 erreurs parentales classiques (et comment les éviter)
  • Vidéo 3 : 8 outils pour obtenir la coopération de vos enfants
  • Vidéo 4 : 8 alternatives efficaces aux punitions, menaces, chantage…

 

Un conseil : Surveillez bien votre boite mail en début de semaine prochaine (si vous êtes inscrit à notre newsletter bien entendu), car nous vous préviendrons dès que la première vidéo sera en ligne. Il serait vraiment dommage que vous ratiez cette série de vidéos, qui va s’accompagner de pas mal de surprises… mais qui ne restera peut-être pas en ligne très longtemps !


20 Comments

Anne-Estelle · 8 novembre 2013 at 13 h 55 min

Superbe article. J’ai beaucoup aimé la conclusion « bannissez le pourquoi » et ne retenez que le « comment » en question à poser à son enfant ! La communication reste un des piliers principaux dans toute relation, et surtout en famille… Ces pistes concrètes vont beaucoup nous aider au quotidien. Promis je n’utiliserai plus « pourquoi » 🙂

Maud · 8 novembre 2013 at 16 h 04 min

Super article ! Ca m’inspire beaucoup ! Merci merci merci

Stéphanie · 9 novembre 2013 at 11 h 52 min

Merci beaucoup ! J’ai hâte de voir les vidéos pour ma part. Si vous avez des questions mesdames, n’hésitez pas, je réponds par MP à tout le monde via mon Blog ou ma page FB. Merci encore à Olivier et Camille pour leur confiance !

working mum · 9 novembre 2013 at 13 h 47 min

j’adore ces articles courts qui résument des livres entiers que je n’aurais jamais le temps de lire, merci !

Stéphanie · 10 novembre 2013 at 18 h 42 min

Chère Working Mum, Alors ce n’est pas un livre. Juste un premier jet d’un futur ouvrage ? Merci en tout cas…

Lucie · 17 janvier 2014 at 12 h 19 min

Ma fille à 2 ans et demi, toutes les méthodes (Faber et Mazlish, Thomas Gordon…) sont inutilisables avec des enfants qui ne parlent pas, on fait comment en attendant ?

delphine · 5 mars 2014 at 8 h 39 min

Bonjour Lucie,
Je ne sais pas si vous avez reçu une réponse à votre question alors je me permets d’y répondre. Une maman m’a posé la même question il y a quelques mois « comment faire avec les jeunes enfants qui ne parlent pas encore ? ». J’y réponds dans l’article suivant : http://blog.delphinebardon.com/mon-actu/questions-reponses/communication-jeune-enfant/
J’ai pensé que vous pourriez y trouver des éléments de réponse. Bonne journée ! delphine

delphine · 5 mars 2014 at 8 h 43 min

Merci à Stéphanie pour cet article très détaillé qui m’apporte de précieuses informations complémentaires à la pratique de l’écoute active (Thomas Gordon) qui consiste plus à reformuler et à mettre des mots sur les ressentis et les besoins de l’enfant qu’à utiliser le « et » et le « comment ». j’ai mis en pratique avec ma fille de 5 ans et j’ai eu des résultats effectivement étonnants. Un grand MERCI de m’avoir ouvert cette nouvelle voie à explorer dans mes relations avec les enfants… et les adultes ! au plaisir de vous lire, delphine

Stéphanie · 5 mars 2014 at 23 h 08 min

Merci Delphine, merci beaucoup ! Si vous souhaitez faire plus ample connaissance, j’ai une Page FB nommée Parent Bienveillant 🙂

Amelie Blot · 21 mars 2014 at 11 h 49 min

Cet article est vraiment très intéressant. Je comprend Lucie qui ne trouve pas évident le fait d’utiliser certaines méthodes (comme l’écoute active de Thomas Gordon) avec des enfants qui ne parlent pas… Avec mon fils de 17 mois j’utilise une approche de l’écoute active qui s’avère porter ses fruits car Arthur communique beaucoup sur ses besoins et ses sentiments. Le tout est souvent d’être patient et 100% à leur écoute. En tout cas un très bel article, je vais aller faire un tour sur votre blog :-). Amélie

Soudi · 14 janvier 2015 at 22 h 17 min

Cet article est très bien. Merci beaucoup.

guemraoui karima · 8 mai 2018 at 10 h 30 min

bonjour!

j’ai un garçon de 12ans, qui ment beaucoup et dont les etudes sont en dégradations totales d’ailleur il va refaire son année.

je voudrai bien que vous m’aidiez à communiquer avec lui.

merci pour votre attention.

Comment communiquer avec son enfant de mani&egr... · 9 novembre 2013 at 11 h 03 min

[…] Découvrez comment communiquer avec son enfant de manière bienveillante : 3 points pour développer sa confiance et son estime de soi !  […]

Revue de Presse du 10 novembre 2013 - M.M Blog – Materner avec un grand Aime · 10 novembre 2013 at 8 h 31 min

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Invitée par Supers Parents j’ai écrit sur la parentalité positive : | Neuro-feminine.com · 1 décembre 2013 at 11 h 51 min

[…] génial, leur blog aussi, mon article semble pas mal je vous invite à les visiter et à me lire ICI […]

Invitée par Supers Parents j’ai écrit sur la parentalité positive : | Neuro-féminine · 3 janvier 2014 at 21 h 50 min

[…] génial, leur blog aussi, mon article semble pas mal je vous invite à les visiter et à me lire ICI […]

Comment communiquer avec son enfant de mani&egr... · 17 août 2014 at 10 h 17 min

[…] “ Découvrez comment communiquer avec son enfant de manière bienveillante : 3 points pour développer sa confiance et son estime de soi !”  […]

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