Conflits et autonomie

Published by Camille et Olivier on

Voici un nouvel article de Caroline, dont nous avons déja publié deux articles (Comment aider nos enfants à préserver leurs libertés fondamentales et 4 exercices de gestion du stress pour enfants). Aujourd’hui, Caroline aborde le lien entre conflits et autonomie… et nos attitudes de parents qui peuvent favoriser l’autonomie de nos enfants et par effet ricochet l’estime et la confiance en eux-même !

Et si vous préférez “écouter » cet article plutôt que de le lire, cliquez ICI !
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Bonjour, je m’appelle Caroline Domanine, Je suis trader et coach de trader… Mais qu’est ce qu’une coach de trader vient donc faire sur le site des « supers parents » ? Rassurez-vous, ce n’est pas pour vous parler de trading 😉 C’est que je suis aussi une maman, passionnée par la psychologie en général ; et plus particulièrement par les phénomènes psychologiques qui régulent nos relations aux autres. Riche de cette passion, j’ai créé le blog http://tyranetvictime.fr qui explore les rapports de force entre individus, et donc, évidemment, avec nos enfants.

J’ai 2 enfants de 8 et 4 ans, et j’accorde donc beaucoup d’attention à développer une relation saine pour les aider à devenir ce qu’ils sont censés être, même si c’est pas tout les jours facile.

Dans mes recherches, je me suis particulièrement attardée sur les sources de conflits entre parents et enfants.

Parce qu’évidemment, chez nous aussi il y a des conflits, et heureusement !

Je ne dis pas que tout les conflits sont positifs, loin de là ! Souvent, ils ne font pas vraiment avancer les choses et installent une atmosphère lourde dans une maison. Colère, incompréhension, sentiment d’injustice ou découragement, la plupart des conflits dévorent notre énergie vitale et notre joie, mais certains de ces conflits sont structurants pour l’enfant et permettent aux parents de s’adapter, de se calibrer par rapport au besoin de leur chère petite tête blonde (ou brune).

Un conflit, c’est aussi une révolte, une manière d’exprimer le désaccord avec force et détermination. Le conflit est un moyen pour l’enfant d’exister pleinement et de donner une voix à ces besoins, de se positionner comme un être décisionnel.

besoin enfant

Quel est notre rôle, si ce n’est préparer ces individus, que nous aimons plus que tout, à devenir des adultes autonomes, responsables et épanouis ?

Dans notre imaginaire, nous avons tendance à penser que tel âge donne droit a telle liberté. Dans l’absolu, ce n’est pas faux, sauf que dans la pratique, les choses sont plus compliquées pour 2 raisons :

  • chaque enfant a ces propres besoins et sa propre maturité,
  • l’acquisition d’une liberté doit être progressive et graduelle demandant une réelle cohérence des parents dans toutes les sphères de la relation à l’enfant ; et ça, c’est pas une mince affaire !

Bref, la conquête de l’autonomie ne se fait pas sans heurs et cris ! Alors, comment identifier un conflit d’autorité larvé, une impasse de laquelle vous seuls avez le pouvoir de sortir?

  • Refus compulsif d’obéir.
  • Le même sujet revient en boucle, comme un disque rayé, sans trouver de solution satisfaisante.
  • Le ton monte sans raison apparente, l’enfant est cassant, refuse la proximité et le dialogue.

Car l’enfant a besoin de décider, et oui ! Mais tout, et pas n’importe quand ! Alors, que peut-il décider et quand ?

Les libertés doivent être conquises progressivement et nous ne parvenons pas toujours à bien calibrer :

  • Les libertés légitimes dont l’enfant a besoin pour avancer,
  • Les libertés prématurées, qui viendraient mettre a mal leur intégrité physique ou morale,
  • Notre propre affectivité face à leur demande.

C’est donc un triptyque assez infernal, et dans l’action, il n’est pas toujours évident de choisir si les velléités de nos enfants sont légitimes ou si la barrière jusque là acceptée doit être maintenue, contre vents et marées.

Le besoin de contrôle des parents

L’enfant a besoin d’augmenter sa liberté en grandissant mais les parents ne sont pas forcement prêts à leur donner, pour beaucoup de raisons :

La peur

Si nous sommes fiers de voir nos enfants acquérir de nouvelles compétences, il n’empêche que cela génère parfois de la peur.

Être parent signifie souvent « avoir peur », ce qui est normal et légitime. Nous les aimons, nous sommes responsables d’eux et nous voulons les protéger. Hors, offrir de l’autonomie signifie aussi, accepter qu’ils rencontrent des difficultés, des peines, des dangers.

Parvenir à juger avec justesse d’un besoin d’autonomie face à un danger, souvent fantasmé, c’est compliqué. Il faudrait pour cela que nous parvenions a nous détacher de l’émotionnel pour observer, neutre et pragmatique, l’ensemble des éléments : le degrés de maturité de l’enfant, l’autonomie qu’il revendique, et l’environnement ; pour tirer une conclusion qui dirait en substance : demande validée, demande refusée, demande ajustée ou négociée.

Je pense à Mathieu qui veut aller tout seul à l’école le matin. Il a 9 ans, habite à 500m de l’école et voit son copain partir seul et passer tout les matins devant sa fenêtre. Mais maman n’est pas prête, oh que non !

Il y a la route a traverser « Mais je regarde toujours avant de traverser ! ».

Il y a les grands qui pourraient lui faire du mal, « Mais maman, je serais pas tout seul, on sera ensemble avec Noé ! »

Et puis, avec tout ce qu’il se passe ! Non, c’est non !

Mais Mathieu a besoin de cette autonomie et ce refus rejaillis sur toutes les sphères de sa vie et sur sa relation avec sa mère, qui finis par accepter , épuisée par des mois de conflits.

Pour se rassurer au début, elle le suis de loin, en catimini, pour être sûre que tout va bien et comprends assez vite, qu’en effet, son enfant est prêt depuis longtemps, mais qu’elle ne l’était pas.

disputes parents enfants

Les attentes décalées

Nous aimerions parfois que l’enfant nous suive dans nos propres désirs, alors qu’il n’est pas forcement prêt pour cela, qu’il est déjà trop grand ou que cela ne l’intéresse pas, tout simplement.

Je pense a l’exemple de Marion, petite fille de 8 ans, dont les parents, férus d’escalade tentent de transmettre leur passion.

Mais Marion n’aime pas l’escalade, alors, fatiguée de cette voix qui n’est pas la sienne, Marion s’insurge, s’oppose et fait vivre l’enfer avec ces parents. Elle boude, elle n’est jamais d’accord, elle refuse de parler, jusqu’au jour où la vérité éclate :

«  – En plus, l’escalade, c’est nul !

– Mais, tu as toujours adoré ça, depuis que tu es toute petite !

– Non, c’est vous qui aimez ça, moi, j’aime pas et je veux plus en faire ! »

La vérité enfin dite, les parents agissent en conséquence, les relations s’apaisent.

L’envie qu’ils restent petit

Accepter que nos enfants grandissent signifie aussi accepter de vieillir, c’est prendre la mesure du temps qui passe, ce qui reste moyennement agréable, j’en conviens. Ils sont une fusée lancée à une vitesse vertigineuse, et il faut suivre !

Hier encore, on oscillait entre les bancs de la fac, et les soirées endiablées, et aujourd’hui, notre enfant grandis et nous renvoie l’image de notre passé définitivement défunt, de notre jeunesse, qui s’évanouit.

Chercher à garder notre enfant petit signifie donc, par effet miroir, nous garder jeune, arrêter le temps qui passe. Ce qui est une illusion, évidemment !

Les conflits de valeurs

En tant que parents, nous avons nos propres idées sur « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas ».

Nous avons nos valeurs, elles font partit de nous et nous entendons bien les transmettre à nos enfants, comme un héritage, au même titre que notre code ADN ou la maison de pépé. Et ceci est normal.

Par contre, notre enfant ne partage pas forcement (rarement?!) l’ensemble de nos valeurs. Il a sa propre personnalité, sa propre histoire et le monde n’est plus le même que lorsque nous avions leur âge. Il peut donc y avoir des conflits de valeurs.

Pour Olivier, il faut se surpasser, il est très combatif. Sportif, carrière fulgurante, Olivier est un battant, et il compte bien transmettre cela à ses enfants. Ses 2 aînés marchent dans ses pas avec un certain plaisir, mais Cloé, 12 ans, rêveuse et tranquille n’adhère pas. Elle est discrète et sur la réserve ; c’est une observatrice plutôt en retrait.

Et ça clache entre le père et la fille car l’un compte bien « donner un peu de gniac » et l’autre à l’intention de continuer à vivre ainsi… Situation délicate et impasse relationnelle…

Quelles sont nos options face au besoin d’autonomie de nos enfants ?

Lorsqu’on regarde ces situations de manière globale, il n’y a pas 50 alternatives :

  • La liberté est refusée
  • La liberté est octroyée
  • La liberté est négociée

Liberté refusée

Ce n’est pas parce qu’un enfant demande une liberté qu’il doit forcement l’obtenir ! Gardons à l’esprit que tout n’est pas négociable, et que nous n’avons pas à nous justifier sur tout. Certaines libertés ou envies ne sont pas acceptables et si le dialogue est généralement privilégié dans la famille, parfois, une fin de non recevoir ferme et sans justification permet aussi à l’enfant de garder son statut d’enfant sans avoir à gérer une responsabilité qui n’est pas la sienne.

Toutefois s’il revendique une liberté ou plus d’autonomie, il exprime un besoin réel. Balayer ce besoin d’un revers de main avec un refus ferme, sans explication et sans possibilité de combler le besoin autrement dégrade la relation parents/enfant.

Clara par exemple à 4 ans et veut aller dormir chez sa copine de classe. Aucun des parents impliqué n’est prêt pour cela, ni ceux de Clara, ni ceux de la copine. Sa maman lui dit « non, tu es trop petite pour dormir chez ta copine » Clara pleure, fait un caprice. Ici, la négociation ou la justification est inutile, « je t’ai déjà dit que tu es trop petite. Si tu veux pleurer, c’est ton droit, mais je ne changerai pas d’avis. »

Mais qu’en est il du besoin de la petite fille de partager un moment privilégié, en dehors de l’école, avec sa copine ?

On peut proposer à Clara d’inviter sa copine pour le goûter, ou d’aller jouer au parc ensemble, mais pas si elle continue de pleurer comme ça. C’est a Clara de gérer la frustration du refus, et la perspective de jouer avec la copine peut l’y aider.

Sans faire de chantage, nous devons expliquer à l’enfant qu’en ayant une attitude plus « responsable », il obtiendra plus de droits, ce qui est logique et normal. « Je n’invite pas ta copine dans ces conditions » Fin de la discussion.

Liberté octroyé

Afin de juger si une liberté est bonne à donner, vous pouvez valider la cohérence globale entre la demande, la maturité de l’enfant et l’environnement. Comme expliqué plus haut, tentez de faire abstraction de vos propres filtres pour être pragmatiques : nos besoins ne sont pas leur problème !

Un point toutefois non négociable : la sécurité. Notre enfant sera t-il en sécurité si on lui donne cette autonomie ?

Liberté négociée

Parfois, nous ne pouvons pas vraiment refuser, ni accepter. Les parents peuvent donc chercher un consensus pour combler le besoin profond, sans céder à une attitude qui ne nous paraît pas acceptable.

Paul a 3 ans, il est en petite section de maternelle, et aujourd’hui, il a décidé qu’il irait à l’école avec son costume de spiderman.

Maman lui dit que ce n’est pas possible, qu’on ne se déguise pas pour aller à l’école.

Paul crie, pleure, il veut spiderman. Ses parents peuvent tenir bon sur ce point, qui n’est pas négociable, mais « noyer le poisson » en proposant à Paul de choisir lui même une tenue correcte pour aller à l’école, et la possibilité de s’habiller en spiderman pour aller jouer avec le petit voisin après l’école.

Le besoin de Paul de choisir sa tenue est respecté, son besoin de se déguiser est respecté bien que décalé dans le temps, la bienséance est préservée, tout va bien !

Ici, Paul revendique son besoin de faire des choix sur son image, le fait que ces parents refusent qu’il se déguise ne signifie pas qu’ils refusent qu’il choisisse sa tenue.

Lorsque nos enfants formulent une demande farfelue, inacceptable, les parents peuvent chercher le « principe actif » de la demande d’autonomie et proposer une alternative.

Poussez l’enfant vers l’autonomie

Pour limiter globalement les conflits d’autorité avec nos enfants, et pour les responsabiliser dans la vie, nous pouvons leur proposer de faire des choix à leur mesure.

Cela commence par des choses très anodines lorsqu’ils sont petits (tee-shirt rouge ou bleu?) et le degrés d’importance augmente avec la maturité de l’enfant.

Attention toutefois a ne pas donner une liberté que l’enfant ne pourra pas gérer. Il a besoin se se sentir entouré et une marge de liberté trop forte pourrait engendrer soit de l’angoisse, soit une prise de pouvoir sur notre statut de parents.

La marge de choix doit être cohérente avec sa maturité. Pour les enfants, c’est comme pour nous : des droits impliquent des devoirs. Donner une grande variété de droits alors que l’enfant n’est pas à même d’en assumer les devoirs et donc un bon indicateur de « fausse route » de notre part.

De plus, les enfants ne sont pas toujours fidèles dans leur choix, et ils changent régulièrement d’avis. Apprendre à l’enfant a assumer son choix : « Tu as choisis de mettre ce tee-shirt, donc nous n’en changerons pas sans raison » est structurant pour lui et lui montre que son choix a de l’importance pour nous, cela favorise donc l’estime de soi et renforce les capacités décisionnelles de l’enfant.

estime de soi-enfant

De manière générale, désamorcer un conflit avec un enfant passe par le dialogue, elle est loin l’époque « une tarte et au lit ! », le monde a changé, les parents et les enfants ont changé et rester bloqué dans les comportements d’antan mène, à plus ou moins long terme à l’impasse.

Tout est donc question d’équilibre et d’observation, encourager l’autonomie mais pas trop, expliquer ou négocier ce qui peut l’être, mais pas tout. C’est l’attitude des enfants qui nous donne les informations nécessaires pour trancher, et toute conscience et pour rester cohérent dans les messages que nous leur donnons.

Un chemin de croix, je vous l’accorde, mais bon, si c’était simple d’éduquer un enfant, ce se saurait 😉

Si le thème des rapports de force vous intéresse, je vous donne rendez-vous sur Http://tyranetvictime.fr ou sur ma chaine Youtube : Caroline Domanine, a bientôt !

Merci Caroline pour ce superbe article !!
N’hésitez pas à réagir en laissant un commentaire ci-dessous !

Camille et Olivier


23 Comments

Fabien · 7 juillet 2014 at 17 h 57 min

Bonjour Caroline,
Selon vous, à partir de quel âge un enfant est-il capable de faire un caprice?
Merci
Fabien

    caroline · 7 juillet 2014 at 20 h 09 min

    Bonsoir Fabien,
    A partir d’environ 1 an. Selon la « précocité » de l’enfant, on est en droit de commencer à se poser des questions à partir de 10 mois.
    Avant, ils n’ont pas la structure cérébrale pour faire le rapport de causes à effets (je vais pleurer pour obtenir satisfaction) , ils pleurent car ils ont un besoin réel et qu’ils ne peuvent le combler seuls.
    Reste à définir ce que l’on mets derrière le mot « caprice »! Pas forcement évident de distinguer l’envie du besoin réel et irrépressible…
    Une piste toutefois :
    le besoin est permanent et régulier, le caprice et volubile , passe et revient au gré du vent…

      Fabien · 8 juillet 2014 at 9 h 26 min

      Merci pour votre réponse Caroline.

      Comme vous le dîtes, il n’est « pas forcement évident de distinguer l’envie du besoin réel et irrépressible… »
      Si le diagnostic est mauvais de la part du parent, le traitement sera donc mauvais. Afin de définir que le besoin soit permanent et régulier, il faut l’expérimenter à plusieurs reprises. Ainsi les premières expressions de l’enfant sur le sujet seront interprétés comme caprice.
      Dans ce cas, comment bien gérer ce type de « caprices » ?

      Merci à vous
      Fabien

caroline · 8 juillet 2014 at 14 h 05 min

Fabien,

les enfants comprennent tôt le principe de règles familiales, si elles sont clairement énoncées et intangibles (la règle est la même du jour A au jour B) , l’enfant intègre assez tôt le principe de « ce qui ce fait » et « ne se fait pas ».

Toutefois, je vous rejoins sur le fait que distinguer un caprice d’un besoin est délicat.

Le besoin est assez générale et le caprice spécifique:

Exemple:
Un enfant a besoin de plus d’autonomie : les parents montent à l’avant dans une voiture, l’enfant veut aussi monter à l’avant car il considère cela comme une preuve qu’il grandis, cette demande n’est pas acceptable évidemment, les parents vont refuser, l’enfant va pleurer, se débattre : monter devant est un caprice.
Par contre le besoin est bien là. Les parents peuvent donc trouver une alternative et lui donner d’autres choix:  » tu ne monteras pas devant car tu es trop petit et nous ne changerons pas d’avis, par contre, tu peux choisir de lire un livre dans ton siège auto ou écouter de la musique. Que choisis-tu? »
L’enfant comble momentanément son besoin d’autonomie car on lui donne un choix à sa portée, il reste en sécurité, et nous préservons notre statut de référent, garant de sa sécurité.

Il faut bien comprendre que l’enfant teste les limites, et cela passe bien sur par des caprices qui sont l’expression conjoncturelle du besoin. Nous ne sommes pas censés répondre positivement à un caprice mais nous pouvons chercher à répondre au besoin ( pas tout les jours facile dans le feu de l’action, c’est un fait;-)

D’où l’utilité du dialogue quand tout est calme, et des règles clairement définies. Si on garde notre exemple, la fois suivante où l’on prend la voiture, on mets les choses à plat avant de sortir de la maison : » nous allons prendre la voiture, tu es trop petit pour monter devant, c’est les grands qui montent à l’avant, tu le sais ; et je ne veux pas que tu pleures quand on montera dans la voiture. Alors dis-moi, que veux tu faire pendant le trajet? une histoire, une chanson, un jouet? « 

valerie · 8 juillet 2014 at 21 h 10 min

merci pour cet article très clair et bien construit. Pour moi le « caprice » n’existe simplement pas, c’est une demande de l’enfant mal comprise par les parents. Un problème de communication en somme… Certains enfants se retrouvent rapidement avec cette étiquette sur le dos et en fabriquent une identité. Plus tard on parle de personne susceptible… on pourrait aussi bien dire « sensible ». Les « enfants capricieux » se seraient-ils pas ceux qui ont une plus grande sensibilité? ou un plus grand amour de la liberté?…

caroline · 9 juillet 2014 at 7 h 17 min

Bonjour Valérie,

c’est une question de syntaxe, mais il est vrai que le diable se cache dans les détails:-)
Aider un enfant à gérer ses « caprices » ou a dompter sa sensibilité sociale est au fond la même chose à mon sens.

Cela passe par l’écoute, le partage et la compréhension.

Toutefois, dans la relation, nous existons aussi. Et si l’enfant, de part sa vulnérabilité reste ‘prioritaire’, je crois qu’il ne faut pas non plus oublier nos propres besoins, de parents, d’hommes et de femmes. Un enfant trés « sensible » peut aussi comprendre que la personne en face existe et qu’elle a aussi des émotions…;-)

AnneF · 9 juillet 2014 at 16 h 38 min

J’apprécie beaucoup cet article très complet et où chacun est à sa place/trouve sa place!!!

Audrey · 9 juillet 2014 at 22 h 22 min

Moi je pense que nommer ça un caprice n’est pas juste une question de syntaxe. Je ne crois pas non plus aux caprices. Je nomme ça par le sentiment de l’enfant, la colère, la frustration, la déception… Si je lui dis « je comprends ta déception, ta colère…, mais … », je ne pense pas que ça fasse le même effet que « arrête ton caprice, c’est comme ça et pas autrement ». Un enfant a des sentiments, tout comme un adulte. La différence est qu’il doit apprendre a les gérer. Un caprice n’existe que dans le vocabulaire des enfants, il dénigre le sentiment ressenti par l’enfant à mon sens.
Personnellement, je n’adhère pas à votre exemple de la liberté refusée.

    caroline · 11 juillet 2014 at 16 h 24 min

    Bonsoir,

    Le bébé dépend entièrement de l’aide des adultes pour survivre, et à ce titre, il est tout puissant dans sa psyché : il demande, l’adulte s’exécute, ce qui est normal.
    Le bébé est donc un « dominant absolu ». En grandissant, l’enfant doit redescendre dans l’échelle du pouvoir sur l’autre, ce qui ne se fait jamais sans heurs, ni frustration.

    Vous semblez refuser l’idée que les rapports de force existent, ce que je peux comprendre puisque certaines (rares) personnes sont en effet en dehors de ce processus.

    On me parle de « prison » et de « relation autoritaire » et j’ai l’impression que l’on marche sur la tête. Force est de constater qu’une éducation bienveillante est aussi une éducation structurante qui apporte à l’enfant la sécurité et des bases de valeurs morales. Et a ce titre, en effet, je pense que l’adulte doit tenir une certaine place.

    Reconnaitre le ressentit de l’enfant, je vous rejoins totalement, mais les enfants font des caprices, et oui (certains adultes aussi d’ailleurs!!) qui sont au fond, des stratégies de manipulation pour obtenir ce que l’on souhaite par la culpabilisation.
    J’entends déjà des « ho!! quelle vilaine vision de la nature humaine, ouste de là, femme de peu de gouts!!! » Et pourtant… reconnaitre les instincts peu glorieux n’est-il pas nécessaire pour accepter et aimer pleinement ce qui fait de nous des hommes??
    on s’égare je crois;-)

Laura de Debout Ludo · 10 juillet 2014 at 11 h 37 min

Tout comme Audrey, j’ai des sueurs froides en lisant votre passage sur la liberté refusée (mais aussi négociée et octroyée.. on est en prison ou quoi ?!) et des phrases comme « Attention toutefois a ne pas donner une liberté que l’enfant ne pourra pas gérer […] une marge de liberté trop forte pourrait engendrer une prise de pouvoir sur notre statut de parents ».

Vous semblez penser que les parents détiennent l’autorité et le pouvoir et que la bienveillance consiste à utiliser ce pouvoir sans crier ni trop perturber l’enfant.
C’est une vision malheureusement bien réductrice de la relation parents-enfants.

Je vous ai peut-être mal compris, mais ce que je lis dans cet article va dans le sens d’un rapport de force entre les parents et les enfants. Cela me désole d’autant plus que vous raillez les pédagogies « à l’ancienne » et autoritaires, alors que vos propos sont dans la même veine.
Dans l’éducation, il est bien plus intéressant et efficace de sortir du classique rapport de force adulte/enfant. A ce sujet, je vous invite à lire (si vous ne l’avez jamais fait) les livres du Docteur Thomas Gordon qui privilégient une éducation fondée sur un rapport d’égalité et gagnant-gagnant.

valerie · 10 juillet 2014 at 11 h 52 min

bonjour caroline, merci pour votre réponse…
pour éclairer un peu plus ma pensée sur le terme « caprice », voici un petit article sur le sujet
http://www.droledemaman.com/et-si-les-caprices-nexistaient-pas/
merci de m’avoir permis d’y réfléchir plus précisément!

Fabien · 11 juillet 2014 at 23 h 04 min

Caroline,
Vous trouverez une excellente interview d’Isabelle Filliozat sur le site des Supers Parents qui pourra, je le crois, vous apporter un complément de compréhension aux différents commentaires.
Je crois que le point divergent est essentiellement la façon dont vous appréhendez la gestion des émotions de l’enfant. Ils ont parfois des difficultés à se contrôler et expriment leur colère à leur manière. Il faut bien veiller à ne surtout pas voir cela comme une stratégie de manipulation de leur part. Ils en seraient bien incapables. Il faut par contre les accompagner pour les aider à gérer leurs émotions.
Fabien

    caroline · 13 juillet 2014 at 10 h 18 min

    Bonjour Fabien,

    Lorsque je parle de « stratégie », c’est sans la vision machiavélique ou « mauvaise » moralement. Et les enfants sont capables d’avoir des « stratégies manipulatoires » sans toute la connotation négative qu’il y a derrière; je le répète.

    Comment cela fonctionne t-il?

    Si je laisse mes émotions en pilote automatique (colère, tristesse) je vais obtenir plus facilement satisfaction.
    Je pleure fort parce que je suis frustré (n’utilisons pas le mot « caprice » qui prête trop à controverses;-), j’obtiens ce que je souhaite soit sous forme d’attention, soit sous forme plus pratique et concrète : je pleure de « bonne foi », je suis réellement triste ou en colère, mais ce n’est pas tant la situation qui m’attriste que la vision suivante :
    « si je suis triste, je vais obtenir ce que je souhaite, j’entretiens donc ma tristesse ou ma colère, car c’est une manière d’obtenir ce que je veux maintenant »

    Ce processus peut commencer très tôt (avant 2 ans) sans qu’il soit ,bien sur, compris ou réfléchis par l’enfant. C’est une stratégie instinctive de gestion de frustration. Il n’établis pas un plan mais ça se fait comme ça, de manière automatique.

    Ce que je trouve limitant dans le process ; c’est qu’il apprend à nos enfants que la tristesse ou la colère peuvent être « bonnes » pour eux, puisqu’elles sont « récompensées ». Alors que le calme et le recul, qui ne font pas de vagues ne rapportent pas;-) … la question est vaste!

    Je le redis, faire la distinction entre ces stratégies et les besoins profonds passe par le dialogue, l’écoute et la connaissance de l’enfant.

    Mais ne soyons pas dupes! Et sans rentrer dans un jugement moral, comprenons bien que les enfants ne font pas exception, ils veulent assouvir leurs envies et leurs besoins avant tout, ce qui est légitime et naturel!

    Se dire qu’ils n’en sont pas capables, c’est les sous-estimer 😉

      Fabien · 13 juillet 2014 at 21 h 13 min

      Bonjour Caroline,

      Je comprends tout à fait votre raisonnement car beaucoup de parents ont le même.
      La colère et la tristesse sont des émotions. La frustration est un sentiment. La frustration est donc reliée à une émotion.
      On ne peut pas mettre d’un côté la frustration et de l’autre la colère/tristesse. L’enfant crie, pleure, hurle, il a quelque chose qui ne lui va pas. C’est simplement qu’il n’a pas encore la capacité de contrôler ses émotions.
      Il tombe, il se fait mal, il hurle.
      Il tombe, il se fait très mal, il hurle.
      Il tombe, il se fait extrêmement mal, il hurle.
      Le parent intervient et essaie de mettre des mots sur ce qui s’est passé pour que l’enfant puisse comprendre la situation. Dans les différents cas, c’est l’intensité des sentiments qui est différent.

      Vous dites « ce que je trouve limitant dans le process ; c’est qu’il apprend à nos enfants que la tristesse ou la colère peuvent être « bonnes » pour eux, puisqu’elles sont « récompensées ». »
      Cela leur apprend simplement à exprimer leurs émotions. Quelle soit bonne ou non, on peut difficilement contrôler une émotion. C’est l’expression des émotions qui est contrôlable. Il est primordial que les enfants expriment leurs émotions.

      Au plaisir de vous lire

      Fabien

        Anne-Estelle · 29 juillet 2014 at 13 h 48 min

        Cet article est vraiment très complet et très équilibré. Merci de mettre des mots clairs pour liberté refusée, octroyée ou négociées. Combien de fois je vois les deux extrêmes : ceux qui octroient tout, ou ceux qui refusent tout. Comme si c’était l’un ou l’autre en toute circonstance, alors qu’on a justement la possibilité de créer l’équilibre pour que l’enfant se sente en sécurité, valorisé et aidé dans son autonomie !

caroline · 13 juillet 2014 at 10 h 25 min

il y a une méthode pour les enfants à partir de 6/ 7 ans pour les aider à prendre du recul « la méditation de la grenouille » :à consommer sans modération:-)

valerie · 13 juillet 2014 at 13 h 16 min

Oui à la méditation et même au yoga pour les enfants!… il existe plusieurs très bons livres/manuels qui proposent des exercices rigolos et efficaces: http://www.droledemaman.com/nos-enfants-sont-ils-plus-sages-que-nous/

Claire · 14 août 2014 at 14 h 20 min

J aurai préféré pour ma part que vous acceptiez que certains puissent penser que le mot caprice est un jugement d adulte apposé à l enfant d apres un systeme de pensée qu on nous a appris et imposé. J ai le droit de croire que les caprices n existent pas, je peux vous assurer que mon enfant a deux ans n en a pas encore fais, elle a exprimé des émotions fortes mais n a jamais fais de caprice.
J ai eu un peu l impression que vous imposiez là dessus votre manière de penser en disant je suis desolée mais si ca existe ceux qui pensent autrement se trompent (en tout cas j ai entendu le message comme ca), j aurai mille fois préféré entendre: vous etes libres de croire que… Et je suis libre de croire que…
Et ca n est pas un caprice de ma part, ni le « diable » dans un détail de preserver ma précieuse liberté de penser!
Claire
Maman et psychologue pour enfants

    caroline · 14 août 2014 at 15 h 46 min

    Bonjour Claire,

    je comprend que mon coté abrupte puisse vous gêner, mais c’est plus par maladresse que par autorité ou intolérance.
    je ne travaille pas avec les enfants, je suis juste une maman et une femme qui travaille dans un monde d’hommes où le sens de l’efficience est prégnant.

    Dans les commentaires, je souhaitais juste faire comprendre le rapport de cause à effet:

    L’enfant manifeste son émotion, le parent réagis à cette émotion (ce qui est normal) en tentant de supprimer l’objet de l’émotion, l’enfant intègre que lorsqu’il manifeste cette émotion, il obtiens. Cela ancre l’entretien et la manifestation très forte de l’émotion, souvent énergivore.

    J’ai une approche différente:
    L’enfant manifeste son émotion, je cherche à comprendre pourquoi l’émotion est là, à parler de cette résonance chez l’enfant, à prendre de la distance, l’enfant obtiens ou non et notre choix n’a rien à voir avec la manifestation émotionnelle, mais avec tout un tas d’autres facteurs extérieurs et intérieurs (l’émotion suscitée étant un facteur parmi d’autres) .

    Caroline

      Claire · 14 août 2014 at 21 h 17 min

      Merci de votre réponse et de votre reformulation.
      J admire les efforts que vous faites et encore plus lorsqu on connait votre milieu professionnel.
      Bonne continuation à vous 🙂

Claire · 14 août 2014 at 14 h 26 min

Pour tout le reste merci beaucoup de votre apport et vos reflexions pertinentes. J aime beaucoup l idée d équilibre entre des regles non discutables et d autres oui, car je suis d accord avec vous sur le fait que trop de responsabilisation de l enfant peut etre angoissant pour lui (et meme l est toujours à mon sens).

Conflits et autonomie » Les Supers Parent... · 13 juillet 2014 at 17 h 41 min

[…] Aujourd'hui, Caroline aborde le lien entre conflits et autonomie… et nos attitudes de parents qui peuvent favoriser l'autonomie de nos enfants et par effet ricochet l'estime et la confiance en eux-même !  […]

Conflits et autonomie | De tout et de rien lila may · 1 août 2014 at 17 h 21 min

[…] conflits-et-autonomie […]

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