Quelle différence entre une conséquence logique et une conséquence naturelle ?
Cette semaine, nous vous invitons à découvrir Coralie. Maman de 4 enfants, elle a, elle aussi, choisi le chemin de la parentalité bienveillante convaincue qu’il est possible d’apprendre à être le parent qu’on voudrait être et partage ses découvertes et ses avancées sur son blog « Les 6 doigts de la main » !
Elle vous propose d’apprendre à faire la différence entre une conséquence logique et une conséquence naturelle !
Que de vocabulaire dans cette nouvelle éducation !! Ce n’est plus une punition, c’est une conséquence ; ce n’est pas non plus une réparation… la conséquence est naturelle, ou bien elle est logique. Ah non, ce n’est pas la même chose !
On voudrait pouvoir avancer sans se soucier de ces termes, pourtant je crois que les comprendre aide à savoir où l’on va, à connaitre nos options, à faire nos choix éducatifs en connaissance de cause.
La première différence à faire, que vous connaissez probablement déjà (si ce n’est pas le cas, je vous encourage à suivre le lien), est certainement celle qui distingue la punition de la conséquence. Pour rappel, la différence fondamentale est que la conséquence est toujours directement en lien avec le comportement qui pose problème.
Cependant, beaucoup de parents, soucieux d’éviter les punitions, se posent la question suivante : la conséquence n’est-elle pas en fait une punition qui cache son nom lorsque nous agissons pour la mettre en place ?
C’est toute la différence entre la conséquence naturelle et la conséquence logique, et l’objet de cet article !
Soyons clairs : les conséquences ne sont pas mauvaises en soi. On parle souvent du fait d’assumer les conséquences de ses actes, comme d’une manière de faire face à ses responsabilités. Nous pouvons donc aider l’enfant dans le fait de faire face à ses responsabilités. C’est une manière de l’aider à grandir.
Nous respecterons cependant un certain cadre qui permet à la conséquence de rester bienveillante, sur lequel je reviendrai ci-dessous.
Pour commencer, faisons d’abord le point sur deux types de conséquences n’impliquant pas du tout la même mise en oeuvre : la conséquence naturelle, et la conséquence logique.
La conséquence naturelle.
La conséquence naturelle correspond à ce qu’expérimente l’enfant lorsque nous ne faisons rien. Vous avez bien lu : rien. Parfois d’ailleurs, cette conséquence reste au simple stade de l’expérimentation.
Ainsi, dans cet article sur les conséquences naturelles, le petit garçon refuse de mettre son manteau, et le parent le laisse sortir dans le froid. Ce petit garçon a alors bien l’occasion de faire l’expérience du froid, avant d’avoir lui-même envie de mettre son manteau. Comme on ne cherche pas à l’humilier alors qu’il cherchait simplement à découvrir et à comprendre le monde, sa mère a emporté le manteau, et il lui est alors facile de l’enfiler ! La dispute n’a pas eu lieu. Le garçon a appris quelque chose, et il est probable que la fois suivante, quand sa mère lui dira qu’il fait froid dehors, il mettra spontanément son manteau.
Nous sommes alors simplement dans une démarche d’accompagnement, qui permet à l’enfant d’apprendre par lui-même.
Mais certaines conséquences naturelles ne sont pas seulement des expérimentations de quelques minutes. Elles ont réellement un impact un peu plus long.
Un exemple. Chez nous, après plusieurs épisodes de ratés, de rattrapages, la règle est devenue claire : je ne lave que ce qui est dans le panier de linge sale.
Il y a sous cette règle une conséquence naturelle. En effet, si les enfants ne mettent pas leur linge dans le panier, il ne sera pas lavé, parce que je ne ferai pas la démarche de le ramasser. C’est naturel parce que c’est ce qu’il se passe si je ne fais pas, en tant que parent, une démarche particulière pour le mettre en place.
Et c’est ainsi qu’un jour, ma fille s’est retrouvée sans tee-shirt de sport propre pour aller à l’école…
Elle a alors le choix : utiliser un tee-shirt sale bien sûr, ou bien ressortir un tee-shirt de l’année précédente, un peu trop petit. Si elle s’en rend compte la veille, elle peut laver un tee-shirt à la main. L’embarras du choix !
La clef est la suivante : mon but étant de la responsabiliser en la laissant vivre la conséquence, je ne viens pas à sa rescousse.
Mais je ne l’abaisse pas non plus. Dans la vie, on fait tous des erreurs.
Donc, quand elle vient me voir, en m’annonçant qu’elle n’a pas de tee-shirt propre, je compatis, et je l’accompagne dans sa réflexion, sans résoudre les choses. “Ah mince… c’est ennuyeux… Comment vas-tu faire ?”
Je ne sais pas comment elle a fait ce jour-là, mais je sais que ce n’est plus arrivé !
Cet accueil de l’enfant au moment où la conséquence se produit est au cœur de tout. Car c’est lui qui traduit notre intention. Comme en communication non violente, tout est dans notre intention. Si mon intention est de faire en sorte qu’elle se sente mal, parce que je suis tellement usée de ramasser son linge que j’ai envie de me venger, je ne saurai la recevoir ainsi. Si, à l’inverse, mon intention de garder le lien avec mon enfant, tout en l’accompagnant dans le chemin de la prise de responsabilité et de l’autonomie, je saurai l’accueillir avec ouverture et l’aider à grandir.
La conséquence logique
La conséquence logique est plus délicate à appréhender, car, cette fois, c’est à nous de la mettre en place.
Il s’agit donc encore une fois d’être bien clair sur la différence entre une conséquence et une punition, pour éviter le glissement qui pourrait se faire insidieusement lorsque nous cherchons à mettre en place une conséquence…
Comme rappelé en début d’article, la conséquence est directement reliée au comportement qui pose problème. Par construction, ce sera évidemment le cas d’une conséquence naturelle, c’est parfois moins évident dans le cas d’une conséquence logique. Il sera alors nécessaire d’y être bien attentif.
Exemple.
Mon fils dessine avec les feutres sur la table. Je lui rappelle la règle : “Anatole, on dessine sur le papier.” Il recommence. Je lui tends une éponge, pour qu’il répare lui-même. Il recommence encore. J’annonce la conséquence logique que je mettrai en place au besoin : “Anatole, les feutres sont faits pour dessiner sur le papier. Si tu choisis de dessiner de nouveau sur la table, je devrai ranger les feutres.”
Et, si c’est effectivement ce qui arrive, je ne m’attarde pas. Je ne tombe pas, malgré ma tentation, dans le discours du “Je t’avais dit que…”. Je me contente de retirer les feutres, et, en fonction de sa réaction, je recevrai peut-être son émotion : “Oui, je vois que tu es très déçu de ne plus avoir les feutres.” et j’essayerai de me focaliser sur le futur : “Je pourrai les ressortir quand j’aurai l’assurance que tu ne dessineras plus sur la table.”
Comme ci-dessus, ma priorité est le lien. Et je sais que lorsque je l’écris ainsi, ça semble illusoire. Parce que dans le moment où nous le vivons, nous sommes nous-mêmes énervés !
Mais c’est bien pour ça que l’on se prépare ! Pour essayer, peu à peu, de mieux réagir à ces situations.
Quand l’enfant grandit, on peut l’impliquer dans la définition de la conséquence logique.
C’est ce qu’il s’est passé lors d’une conversation que nous avons eue avec notre fils Oscar, sur son étude du français. Il a lui-même mis en place un petit programme de travail. Puis, nous lui avons demandé quelle devrait être, selon lui, la conséquence, s’il ne remplissait pas ses engagements. Il a décidé tout seul que si le travail de la semaine n’était pas fait le samedi matin (quitte à ce qu’il y ait rattrapage à ce moment-là), il ne pourrait pas aller à son tournoi du samedi après-midi, car le samedi après-midi serait alors consacré au travail en question. C’était sa conséquence logique, et elle n’a pas encore eu besoin d’être appliquée.
Accompagner nos enfants en amont de la conséquence
Lorsque la situation nous amène à vouloir mettre des conséquences en place, il faut d’abord se poser la question : ai-je bien essayé d’autres méthodes moins lourdes ?
Puis, être clair avec son objectif : que l’on parle de conséquence naturelle ou de conséquence logique, nous cherchons d’abord à accompagner nos enfants.
Cela signifie deux choses : d’une part que, comme dans les exemple précédents, la conséquence doit être connue de l’entant avant le moment où elle sera peut-être appliquée. Ainsi, il a l’opportunité de modifier son comportement avant qu’elle ne le soit.
D’autre part, et je me rends compte que ce n’est pas mis en valeur dans mes exemples précédents, que nous les aiderons à la mise en place d’un système pour les aider à se corriger.
C’est en écrivant cet article que je m’en aperçois : je n’ai pas bien mené cette étape, et je me prépare une note mentale pour faire mieux la prochaine fois.
Ainsi, lorsque j’annonce aux enfants que je ne laverai plus ce qui n’est pas dans le panier, je peux les aider à réfléchir : “Maintenant que vous le savez, que pourriez-vous mettre en place pour être sûrs de ne pas vous retrouver sans linge propre ? Comment vous rappellerez-vous de ramasser les vêtements sales ?” Ces simples questions devraient encourager l’enfant à décider de son propre système.
Comment choisir entre la conséquence naturelle et la conséquence logique ?
En fait, vous distinguerez aisément les deux cas, car la conséquence naturelle n’aura d’impact que si le problème “appartient à l’enfant”.
En effet : si l’enfant n’a plus de linge propre, le problème lui appartient car il en subit vraiment la conséquence, et une conséquence naturelle pourra fonctionner.
Si le salon n’est pas rangé, l’enfant n’y attache aucune importance, le problème “appartient au parent”, et c’est à une conséquence logique qu’on pourra penser. (Chez nous, la quantité de jouets à ranger dans le salon a énormément baissé, et c’est tellement plus agréable pour tout le monde !!)
Et puis, il reste tous les cas où il n’y a simplement pas de conséquence.
C’est ainsi.
Cela signifie que la conséquence n’est pas le bon outil. Heureusement, ce n’est pas le seul !
D’ailleurs, avant de conclure, je voudrais attirer votre attention sur le fait que la conséquence reste une solution de recours !
Elle est bien meilleure qu’une punition, mais reste tournée vers le passé.
Il sera toujours plus profitable de se tourner vers le futur, et de chercher une solution avec l’enfant, dans laquelle, encore une fois, nous l’accompagnerons.
Et vous ? Avez-vous déjà utilisé une conséquence ? Naturelle ou logique ?
Racontez-nous !
Retrouvez Coralie sur son blog : http://les6doigtsdelamain.com
12 Comments
Jean-Philippe Geffriaud · 14 octobre 2017 at 18 h 25 min
Bonjour Coralie,
Cette posture éducative est très confortable pour l’enfant comme pour l’adulte. Il y a éducation et non opposition. Education du comportement adéquat et non dressage.
Bravo pour ce bel article.
Jean-Philippe 😉
Coralie · 1 novembre 2017 at 16 h 07 min
Merci Jean-Philippe.
Caroline Muller · 14 octobre 2017 at 20 h 50 min
Bonjour et merci pour ces éclairages linguistiques.
Je prends en note le fait d’accompagner leurs réflexions après avoir posé une règle afin de les aider à trouver les moyens de respecter cette dite règle.
Ce n’est pas toujours simple de « dégainer » le bon outils de parentalité au bon moment… c’est un vrai travail que nous avons à faire pour nous déconditionner des nos vécus et apprentissages. Je pense que ce sera beaucoup plus aisé pour nos enfants…
Bien à vous
Coralie · 1 novembre 2017 at 16 h 08 min
Oui, c’est exactement ça : un vrai travail à faire pour identifier le bon outil ! Je crois que ça passe par beaucoup de « reprise » de la situation pour chercher comment on aurait pu faire autrement, afin d’augmenter les chances que ça nous vienne la fois suivante !
L'important c'est de progresser · 10 novembre 2017 at 14 h 44 min
Bonjour,
J’adore cet article qui va m’aider, mais j’ai une question…
Il y a une réaction que j’ai parfois avec mon enfant (6 ans) et que je n’arrive pas à déceler comme bonne ou mauvaise, c’est de dire en guise de conséquence « ce que tu as fait (style injure, taper, geste agressif) m’a vraiment mise en colère et pour le moment, je n’ai plus envie de jouer avec toi ou te raconter une histoire comme on avait prévu ». D’un côté c’est réellement ce que je ressens, et d’un autre côté, je me trouve dur et j’ai l’impression qu’il a justement besoin de temps avec moi…
Qu’en pensez-vous ?
merci !
Coralie · 27 novembre 2017 at 19 h 53 min
Bonjour,
Ca, c’est une question très importante en effet.
La ligne dans ce cas-là est vraiment très fine.
Dans la théorie pure, et dans la mesure où la conséquence devrait être annoncée, ce n’est pas une conséquence.
Dans la pratique, il est clair que c’est vraiment comme cela que tu le ressens, et que ton envie t’a réellement quittée.
Alors, je dirais que ce n’est pas non plus une punition, puisque ce n’est pas contre lui, c’est seulement l’écoute de toi-même.
Le même cas pourrait être effectivement une punition, en fonction du ton et de la manière dont c’est présenté :
dire par exemple « Ecoute, puisque tu as fait ça, je ne te lirai pas d’histoire », c’est une punition.
Dans ton cas, je pense que ta posture, consistant au partage de ton sentiment, est juste, et encourage l’empathie. Tu pourrais peut-être la compléter de la façon suivante :
« Ecoute, je suis désolée, je sais que je t’avais dit que je lirai une histoire, seulement je ne me sens plus capable de le faire, je suis trop en colère pour l’instant. J’ai besoin d’une pause, on en reparlera un peu plus tard. »
Qu’en penses-tu ?
C’est quelque chose qu’il apprendra, et développera ainsi pour lui-meme également, par ton exemple.
Dans un cas similaire, la pause en question m’a d’ailleurs été spontanément proposée par mon fils de 15 ans :
https://les6doigtsdelamain.com/quand-ce-sont-nos-enfants-qui-gardent-la-tete-froide/
Riviere Dieubon · 14 novembre 2017 at 17 h 01 min
Bonjour et merci pour cet article qui comble mes lacunes.
Coralie · 27 novembre 2017 at 19 h 46 min
Ravie de lire ca, c’était le but recherché !
Chang ParentaliteZen · 22 janvier 2018 at 8 h 58 min
Merci pour cet article. Une arme de plus pour progresser avec nos enfants.
J’ai remarqué aussi que pour avoir leur coopération, ça fonctionne bien d’établir des règles à la maison avec eux.
J’en avais parlé ici :
https://www.parentalitezen.com/les-regles-de-la-maison/
L’idée est d’inclure également ces conséquences dont tu parles 🙂 et de choisir des règles de la maison adaptées entre autres. En appliquant régulièrement il y a beaucoup moins de conflits chez nous. Clarence est content de débarrassé la table par exemple après le dîner 😀 il trie ses vêtements avant de les mettre dans le panier à linge aussi !
Bien sûr c’est pas infaillible mais ça aide tellement.
Coralie · 7 février 2018 at 23 h 26 min
Oui, et non… Je pense que les conséquences ne sont à mettre en place que lorsque le comportement se répète. Donc, elle n’a pas besoin d’être prévue des le départ, on peut plutôt partir du principe qu’on fait confiance au fait que les règles seront appliquées, tout en laissant un espace pour l’erreur et l’apprentissage.
La consequence ne montrera le bout de son nez que lorsqu’on n’arrivera pas à régler les choses autrement. En dernier recours, en quelque sorte.
Emilie · 18 septembre 2018 at 22 h 42 min
Bonjour,
Je ne sais pas de quand date cet article, j’espère avoir une réponse.
J’ai beaucoup aimé cette mise au point et ma question porte sur la fin : on fait quoi justement quand il n’y a pas de conséquence?
Je suis en effet en plein dans une telle situation, mon fils de 2 ans tape sur la table, avec ses mains et ses couverts, à chaque repas. On a essayé beaucoup choses sans succès durable (diversion, permettre de taper avant et après le repas, enlever les cours états, l’empêcher en tenant ses mains, et meme l’isolement parce qu’on en pouvait vraiment plus ce jour là). Et je ne vois aucune conséquence naturelle ou logique…
Merci!
Remplacer les Menaces par des Conséquences Naturelles · 25 octobre 2017 at 7 h 53 min
[…] façons d’obtenir la coopération de son enfant. On peut par exemple tout simplement lui faire assumer les conséquences naturelles de ses actes, quand cela est possible. La dernière fois où j’ai tenté l’expérience, c’était pour son […]