Quand ça ne marche pas à l’école : 5 façons d’aider son enfant.
Cette semaine, nous laissons la place à Laetitia du Blog « S’instruire autrement ». Educatrice Montessori dans une petite école avec une classe unique, composée de dix-sept enfants allant de 2 à 11 ans (tiens… comme nous ;-), elle construit son expérience de « maîtresse » jour après jour et a à cœur de partager avec nous ses recherches, ses idées, ses expériences et ses ressources autour de l’éducation.
Vous avez inscrit votre enfant à l’école, il a fait sa rentrée, il aime plus ou moins y aller selon les jours et la fatigue, le programme et les copains… jusqu’ici, tout va bien !
Là où ça va moins bien, c’est quand vous discutez avec l’enseignant : votre enfant ne réussit pas bien ses exercices de motricité fine, ou a du mal pour le graphisme, l’écriture, ne comprend rien aux maths… il n’arrive pas à se concentrer, ou encore il ne réussit pas ses évaluations et a des notes déprimantes…
D’autres fois, le retour de l’enseignant peut se faire directement dans le cahier de correspondance, par des « mots » indiquant une discipline désastreuse, des accès de violence envers les autres enfants, des comportements insolents, il perturbe la classe, bavarde, saute sur sa chaise et envoie des boulettes de papier… Aïe aïe aïe, où est la bonne éducation que vous lui avez donnée ?
Et surtout, que faire ? Le gronder à la maison, en plus de ce qui a été dit à l’école ? Le punir, le priver de dessert ou de jeux vidéo, lui interdire d’aller à l’anniversaire du copain ?
Comment pouvons-nous aider nos enfants quand ça ne marche pas à l’école ?
La première chose à faire est de bien faire la distinction entre les mauvaises notes et les mauvais comportements. Bien qu’il puisse y avoir un peu des deux, le problème principal est souvent soit le niveau scolaire, qui influe sur le comportement, soit le contraire. (Bien sûr, « mauvais » étant tout à fait subjectif, à vous de mettre la limite où elle vous semble juste!)
C’est quoi, ce 2 en maths ?
Votre enfant rapporte un carnet avec des notes… comment dire… pas terribles-terribles. Ou bien, en maternelle, l’instit vous explique qu’il ne sait pas tenir son crayon, qu’il a du retard en graphisme ou qu’il ne reconnaît pas les lettres de son prénom…
Ce qui peut se passer en vous :
- énervement contre l’enfant: « quoi ? Tu n’as pas travaillé ! Tu ne fais pas d’efforts ! » (on peut rajouter un « C’est pourtant simple ! » un peu pervers…)
- énervement contre l’enseignant : « Qu’est-ce qu’il a à te mettre des sales notes ? Le devoir était bien trop dur ! C’est à l’enseignant de s’adapter à l’enfant, pas le contraire ! »
- questionnement : « Mon enfant est-il capable d’y arriver ? Est-ce que ça a été mal expliqué ou est-ce lui qui ne comprend rien ? Est-il moins intelligent que les autres ? Arrivera-t-il à avoir un bon métier un jour ?… »
Ce qui peut se passer chez l’enfant :
- trop de pression liée à l’évaluation: même en maternelle, les enfants sentent lorsqu’ils sont évalués, jugés, et leur comportement change. Certains réussissent moins bien ce qu’ils savent faire d’habitude, d’autres n’osent même pas essayer par peur du regard de l’adulte…
- un apprentissage imposé, perte de motivation : les centres d’intérêt des enfants sont multiples et variés. Si on les laisse libres dans leurs apprentissages, on voit bien qu’ils n’apprendront pas la même chose au même moment ! A l’école, ils doivent tous apprendre à écrire en CP, les divisions au CM1… mais si ce n’est pas le moment pour eux, cela leur demande énormément d’efforts pour s’accrocher à cette matière. Et parfois, cela peut les en dégoûter !
- une réelle incompréhension de la leçon, de l’exercice: il est « largué », et n’a pas trouvé l’aide nécessaire. Soit il l’a demandée mais l’enseignant n’a pas réussi à transmettre ce savoir, soit il n’a pas osé demander de l’aide par peur du regard des autres, adultes ou enfants. Peut-être même ne vous en a-t-il pas parlé ?
Tu lances des boulettes de papier dans la classe ?
L’enseignant vous aborde à la sortie de la classe : « Il faudrait que je vous voie, votre enfant perturbe les cours, il lance des boulettes de papier dans la classe… » Il est agité, agressif, insolent, bagarreur… le tableau est donné, votre enfant est le caïd de la classe !
Ce qui peut se passer en vous :
- Vous tombez des nues, vous n’avez rien vu venir. « A la maison, il n’est pas du tout comme ça ! Plutôt sympa et obéissant, sans souci particulier… »
- Vous culpabilisez : « Je ne suis pas souvent présent à la maison, il est beaucoup gardé, il exprime peut-être ainsi que ma présence lui manque ? »
- Vous vous fâchez contre votre enfant : « Enfin, qu’est-ce qui te prend ? Tu sais bien qu’on ne fait pas ça ! »
Ce qui peut se passer chez l’enfant :
- Envie de reconnaissance : « J’existe ! regardez-moi ! » Il se sent un peu perdu dans un grand groupe, et faire le pitre est une façon qu’il a trouvé pour que l’on porte une attention sur lui, qu’il se sente individualisé.
- Il est déçu par l’école, l’enseignant ou le programme scolaire. C’est le cas de nombreux enfants de maternelle, qui vont à l’école pour apprendre à lire, écrire et compter. Et à force de répéter la numération jusqu’à 5, et les lettres de leur prénom, ils se détournent des apprentissages et « font le bazar ».
- Une question de rythme: il ne peut pas se concentrer, en groupe, si longtemps et aux moments imposés. Il est peut-être plus du matin, ou du soir, a besoin d’un environnement calme pour travailler…ou bien ses journées sont trop longues, ou trop hachées, trop en intérieur ou trop en extérieur… chacun a sa sensibilité aux rythmes imposés, pour certains s’y adapter peut être très difficile.
Que faire ?
Ecoutez.
Avant de réagir au quart de tour, une écoute s’impose.
Votre enfant d’abord : qu’a-t-il à dire ? Sur l’école en général, l’enseignant, les copains, l’ambiance… les devoirs, les contrôles, la récré, la cantine… On ne prend pas souvent le temps de parler de toutes les facettes de l’école, et la source du problème vient peut-être de plusieurs d’entre elles. Et surtout, comment se sent-il dans cette école ?
Vous ensuite : que ressentez-vous lorsque vous avez un mauvais retour sur la scolarité de votre enfant ? Que ressentez-vous lorsque votre enfant vous raconte ce qui ne va pas ? Est-ce que cela vous ramène à votre propre scolarité, qu’elle se soit bien passée ou non ? Est-ce que vous vous sentez agressé, énervé, ou démoralisé, angoissé ?
Et votre conjoint : les questions sont les mêmes pour lui, les émotions sont probablement différentes, et c’est important d’avoir les différentes positions pour ajuster votre réponse !
Confiance…
Gardez confiance en votre enfant : qu’il aime ou non les maths, il pourra toujours les réapprendre plus tard, lorsque cela l’intéressera ou lorsqu’il en aura vraiment besoin (pour autre chose qu’avoir des bonnes notes!) Les apprentissages ne s’arrêtent pas avec l’école, nous apprenons énormément de choses également à l’âge adulte (si vous lisez ceci, c’est bien pour apprendre quelque chose, non?) Donc, rien n’est perdu !
Trouvez comment votre enfant apprend : nous avons tous différentes façons d’apprendre ! Plutôt visuel, auditif, kinesthésique, ou un peu de tout… voyez avec lui ce qui marche le mieux. Et vous pouvez reprendre les leçons non comprises en les chantant, en les dessinant, en sautant à la corde… pour que ça rentre mieux !
Reprenez confiance en vous aussi : vous êtes le parent de cet enfant, vous le connaissez mieux que l’école. Si vous sentez que quelque chose cloche, faites-vous confiance et notez-le ! Ensuite faites un rapide bilan de ce qui va bien et ce qui va moins bien, de ce qui est important pour vous, important pour votre enfant… et à partir de ce bilan, des solutions peuvent être proposées !
Parlez .
A votre tour de parler !
Essayez de reformuler le problème en corrélation avec ce qui a été dit plus tôt. (ex : Tu détestes le français, tu n’y comprends rien et tu as l’impression de ne faire que cela à l’école, du coup tu ne fais même plus tes devoirs dans cette matière.)
Exprimez vos sentiments : soyez honnête avec vous-même, et avec votre enfant. Cela vous angoisse ? C’est mieux qu’il le sache (en fonction de son âge bien sûr : si vous racontez toutes vos angoisses liées à l’école à votre petit de 3 ans, il risque de faire un blocage…)
Essayez de trouver une ou des solutions ensemble. ex : est-ce que tu voudrais que je te réexplique quelques bases à ma sauce ? Est-ce que tu voudrais de l’aide pour tes devoirs ? Est-ce que si on invitait des copains mercredi tu aurais plus de temps pour jouer avec eux ?
A l’aide !
Si vous en ressentez le besoin, demandez une aide extérieure : une personne de la famille ou parmi vos amis qui pourait expliquer avec ses mots le concept que votre enfant ne saisit pas, ou l’intérêt d’une leçon. Nous ne savons pas tout, et demander de l’aide est une preuve d’intelligence !
Il existe aussi des séances d’aide aux devoirs dans certaines associations ou bibliothèques, qui peuvent être une solution si vous travaillez ou ne pouvez pas aider votre enfant.
Aller consulter des thérapeutes n’est pas non plus signe de folie ! Il en existe beaucoup qui peuvent aider les enfants à se sentir mieux. Je cite entre autres, parmi les classiques : psychologues, orthophonistes, graphothérapeutes ; parmi les moins classiques mais efficaces lorsque l’enfant n’a pas une folle envie de parler de lui : fasciathérapie, micokiné, réflexologie…
Alternatives
Comme chacun a sa façon d’apprendre, et que ce qui est proposé à l’école « classique » ne convient pas toujours à chacun, il est bon de chercher ce qui conviendrait le mieux à votre enfant.
Autour de l’école
- On trouve de plus en plus d’ateliers Montessori, en ville comme en campagne, qui peuvent être suivis les mercredis ou samedis, ou encore sous forma de stages. Sans mettre la pression à l’enfant quant à ses résultats, ils permettent de revoir des notions fondamentales qui auraient été mal comprises à l’aide de matériel concret et de façon ludique, au rythme de l’enfant. Ces ateliers sont souvent ouverts aux enfants de 3 à 6 ans, ou de 6 à 12 ans. En cherchent bien, vous pouvez en trouver pour les plus grands (12-15 ans)
- Certains psychologues sont également formés à la pédagogie Montessori, et peuvent lord des séances aider aussi aux apprentissages !
- Vous pouvez aussi emmener votre enfant prendre l’air plus souvent, se promener dans la forêt, se rapprocher de la nature. L’environnement change, la pression redescend, il passe du temps avec sa famille… cela suffit parfois à régler un certain nombre de problèmes !
Dans l’école
- Je ne vais pas vous proposer de réforme pour une meilleure école… tout transformer prendra du temps ! En attendant, vous pouvez déjà simplement prendre rendez-vous avec l’enseignant pour connaître le programme, comment il organise la classe, quelles sont les éventuelles punitions… Ainsi, vous aurez une autre version que celle de votre enfant, et pourrez vous fier aussi à votre propre ressenti.
- Vous pouvez en profiter pour lui expliquer ce qui est important pour vous et ce que vous mettez en place chez vous : pas de punition mais des gros câlins à la place, pas d’école si les enfants sont trop fatigués, pas de devoirs s’ils n’ont pas compris la leçon à l’école… Sans chercher à imposer votre façon de faire (l’enseignant risque fort de mal le prendre!), un dialogue est généralement possible et peut permettre une attention particulière sur certains points.
- Inscrivez-vous dans l’association de parents d’élèves, pour proposer des animations de jeux coopératifs, une sensibilisation à la communication non-violente, une réflexion sur l’école idéale vue par les adultes et vue par les enfants… En semant des graines, les choses peuvent évoluer !
- Enfin, si toute cette énergie vous paraît inutile pour aider votre enfant, vous pouvez aussi chercher une école alternative, qui corresponde mieux à vos besoins. Il existe des écoles Montessori, Steiner, Freinet, ou de plus en plus d’écoles dynamiques ou écoles démocratiques. Renseignez-vous sur ce qui existe près de chez vous, la pédagogie utilisée, les horaires, tarifs, évaluations, rencontrez les enseignants… et suivez votre ressenti !
Sans l’école
- Si le courant ne passe vraiment pas, ou que les finances ne suivent pas, ou encore que vous sentez votre enfant mal en groupe… La solution de la déscolarisation existe aussi !L’école en soi n’est pas obligatoire, c’est l’instruction qui l’est, de 6 à 16 ans. Pas besoin donc d’autorisation spécifique pour ne pas mettre votre enfant à la maternelle. Entre 6 et 16 ans, une déclaration est à faire, simple lettre à la mairie et à l’académie, et vous recevrez un inspecteur pour un contrôle une fois dans l’année. Après 16 ans, plus rien n’est obligatoire.
- Vous aurez ainsi l’occasion d’accompagner votre enfant à son rythme, reprendre tranquillement ce qu’il n’a pas compris, sans évaluation, et jouir d’une liberté dans le quotidien exceptionnelle ! Pas de lever aux aurores, pas de transport jusqu’à l’école, pas de devoirs en plus le soir… même si cette déscolarisation ne dure qu’un temps, c’est une grande respiration dans le parcours de votre enfant. Et puis souvent, on y prend goût… et il est difficile d’imaginer autre chose ensuite !
En résumé…
Pour aider son enfant, il n’y a pas de recette miracle, juste une situation particulière d’un enfant dans une école avec un enseignant, et ses parents avec leurs convictions, leur histoire et leurs ressentis… Vous comprenez combien il est difficile de dire « faites ceci » ou « faites cela » !
Si on reprend les 5 façons d’aider son enfant, on obtient :
- Ecouter
- Reprendre confiance
- Parler
- Chercher de l’aide
- Trouver des alternatives.
Vous pensez bien qu’avec un site qui s’appelle s’instruire autrement, je prône plutôt les alternatives ! Mais elles n’arrivent qu’en dernier dans mes propositions, car je trouve plus important de bien communiquer avant, dans la famille, pour se recentrer sur le problème, le cerner et tenter d’y remédier. Changer d’école si le problème ne venait finalement pas de l’école ne servira pas à grand chose !
Pour vous aider j’ai créé un livret (gratuit) disponible sur mon site : Des alternatives à l’école, guide de démarrage pour s’instruire autrement.
Il permet de prendre ce temps de réflexion et de passer à l’action !
Au plaisir de lire vos commentaires !
Laetitia – sinstruireautrement.fr
7 Comments
Geneviève · 12 mars 2017 at 22 h 28 min
Dans les possibilités de réaction des parents, il faut aussi tenir compte de l’humiliation. Je m’explique. Moi qui étais sûre d’avoir fait la première merveille du monde, et qu’elle serait reconnue de tous, je me heurte au regard de l’autre qui me dit qu’elle est « comme tout le monde ». Il faut déjà avaler ça, et réagir ensuite.
Farida · 16 janvier 2022 at 18 h 48 min
Mon fils a 13 ans .c est un ado … depuis la primaire je suis derrière lui. Je suis consciente que je l etouffe …. je le force a travailler plus car ..depuis le cp on me dit qu il est lent .du coup .on travaille a la maison je lui donne des exercices je reprends ce qu.il n a pas compris. L autonomie s en fait ressentir mon fils ne travaille pas seul. Les querelles et les tensions s en.melent. en 6eme j ai été reçu par le psy du collège pour me dire que j etouffe mon fils. Il s est plein au niveau de l ecole. Je ne vérifie plus ses devoirs. Son travail s en ressent. Ses notes sont catastrophiques. Dans son dernier bulletin… tous les profs le disent. Il ne travaille pas assez à la maison. Je suis désemparée vraiment. Mon fis est en 4eme. Je me suis certes investi trop… ..mon fils n aime pas l ecole ….je lui donne les méthodes pour travailler ..il le prend très mal. Il passe ton temps a jouer au jeux vidéo qui est pour lui un échappatoire. J ai tout essayé…mais si lui ne veut pas. J ai très mal.pour lui.et moi .
Jean-Paul · 9 décembre 2022 at 10 h 55 min
Bonjour,
Je suis un peu perdu. Mon enfant travaille bien à la maison. Mais à l’école, ça bloque. Quand il se sent dépassé ou quand les choses ne semblent pas bien se passer, il se ferme complètement. Il déteste les changements et n’aime pas les travaux de groupe. Comment puis-je l’aider?
Julie · 12 décembre 2022 at 6 h 54 min
Bonjour Jean Paul,
Vous demande-t-il de l’aide ? Si c’est le cas alors peut-être que vous pourriez lui transmettre des outils de gestion du stress qui lui permettront de s’apaiser lorsqu’il sentira le stress et la tension monter en lui.
Bien à vous,
Julie de l’équipe Les Supers Parents
Julia · 27 avril 2023 at 4 h 45 min
Bonjour
Moi j’ai un souci avec mon fils de 3 ans qui est présentement à la maternelle. Il est de nature hyperactif, joyeux et ouvert d’esprit. Il va vers les gens sans difficultés, mais à l’école, il ne participe à aucune activité et ne joue pas avec ses collegues jusqu’à l’heure du départ. Je me sens perdue je ne sais plus quoi faire si vous pouvez m’aider merci.
Julie · 27 avril 2023 at 16 h 48 min
Bonjour Julia,
Merci pour votre message.
Est-ce une remarque du professeur qui vous a inquiétée à ce sujet ? Ou est-ce que votre fils s’est plaint de ses copains ou de difficultés à l’école ?
Bien à vous,
Julie de l’équipe Les Supers Parents
Quand ça ne marche pas à l’école… | s'instruire autrement · 11 juin 2017 at 13 h 57 min
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