Notre (re)définition de la Bienveillance !
Pour une parentalité consciente, respectueuse, saine et équilibrée, l’idée c’est de garder l’intention de départ, « accompagner ses enfants au mieux », en enlevant la peur, le discours intérieur, la pression…
Nous parlions jusqu’ici de Parentalité Bienveillante, en nous trompant sur notre propre objectif !
Car finalement, qu’est ce que la bienveillance ?
Chacun a sa définition (selon son histoire, ses propres filtres…) et voit les choses du point de vue de « sa propre colline ». Ce qui est bienveillant et important pour moi ne l’est pas forcément pour l’autre. Il est important de prendre conscience de la subjectivité de cette notion !
Nous sommes tous pleins de grandes croyances, de certitudes sur la vie, à partir desquelles nous agissons ou réagissons. Et pourtant, si nous prenons un peu de recul, si nous écoutons les autres, nous pouvons remarquer à quel point notre façon de penser nous est propre. L’autre, qui n’est ni mieux, ni moins bien que nous, à sa propre façon de penser, d’agir et de réagir… et s’il y avait plusieurs vérités ?…
Comprendre cela permet de se détacher de notre « petite » façon de voir les choses, de prendre de la hauteur sur nos croyances, et de lâcher nos exigences.
Cela permet de réaliser que parfois ce que nous faisons avec notre « bienveillance » ne faisait pas forcément partie des besoins ou attentes de nos enfants. Nos interprétations ne sont que des projections de nous-mêmes (nos propres besoins, attentes, croyances, vision de la réalité…). Nous croyons que notre enfant a besoin de cela, ressent ceci, doit avoir peur de ça… mais il n’est pas comme nous. Ce qu’il se passe en nous, ce qui s’active dans nos cellules, nous appartient.
Et si pour être « bienveillant » envers mon enfant, je suis « malveillant(e) » envers moi-même, envers mes propres besoins, suis-je toujours dans la bienveillance ? Est-ce que quand je laisse mon enfant me taper quand il décharge ses émotions, je suis bienveillant(e) avec moi ? Est-ce que si j’accepte de faire 25 allers/retours en voiture pour que mon enfant puisse aller chez ses amis, je suis respectueux de mes propres besoins ? Si j’accepte la demande de mon enfant et de « routiner » le soir pendant 1 h 30, je suis bienveillant(e) envers moi et mon couple ? Est-ce que quand je ravale comme je peux mon propre stress ou ma colère intérieure face à mon enfant, pour ne pas l’effrayer, je suis bienveillant (e) envers moi-même ???
Être un parent bienveillant, ce n’est pas être sans cesse en lutte contre soi-même !
Pour nous aujourd’hui, être un parent bienveillant, c’est d’abord savoir s’écouter, se donner le droit, en temps qu’adulte, de vivre des émotions, d’avoir des ressentis, de ne pas pouvoir écouter à certains moments, d’avoir des limites, de ne pas comprendre… C’est accepter que certains de nos comportements soient inconsciemment dictés par nos blessures de vie…
Ce n’est plus de se changer pour être un parent digne ou respectable, avec un enfant toujours heureux dans une vie parfaite… Ce n’est plus d’être en lutte perpétuelle contre nous-mêmes et la vie… Ce n’est plus de combattre, mais d’accepter ! C’est se donner le droit de vivre et d’ »être », tout simplement. C’est accepter ce que nous sommes, là où nous en sommes, sans jugements, ni attentes. C’est l’amour inconditionnel… de soi !
Comme il semble que la grande majorité d’entre vous apprécie mes Podcasts, voici un nouveau témoignage personnel audio : « Je ne recherche plus la perfection, mais la sérénité ! »
À l’attention des parents « Hypers » :
Et attention les « hypers », l’idée n’est pas de vous changer et de ne plus être « hyper »… vous ne pouvez lutter contre la vie.
L’idée est de mettre en lumière nos comportements, nos peurs, pour évoluer. Et non pour changer. L’idée est d’identifier pourquoi nous sommes si souvent dans cette « excessivité », dans ce « contrôle », de faire les liens avec notre histoire personnelle, et de l’accepter ! De donner à notre enfant intérieur l’attention et l’amour dont il a besoin quand il s’exprime de cette façon.
Voici donc à travers ces trois articles, le retour que je souhaitais faire sur notre expérience de l‘hyperparentalité et la course à la perfection. Au vu des réactions qu’ont suscités les deux premiers articles, pour sûr, nous reviendrons sur le sujet!!
Notamment pour partager avec vous le fruit de mes dernières expérimentations sur le sujet: « Quand je place mes besoins et mon enthousiasme au centre de ma vie, quel impact cela a t-il sur mon enfant? ».
Avec tout mon Amour
12 Comments
Véronique · 5 février 2018 at 20 h 33 min
Autant je ne me suis pas forcément retrouvée sur les deux précédents post, autant celui de ce soir tombe à pic.
Je pense être « hyper » dans le fait de vouloir guérir mon passé (assez traumatique, même si de façon épisodique : abus, cris, violence), car j’ai pris conscience il y a quelque temps maintenant que cela rejaillissait nettement sur ma vie de famille et mes deux filles (notamment suite à la bonne dépression que j’ai faite suite à la naissance de mon aînée -qui aura 5 ans dans deux mois-, je n’avais alors conscience de rien de mon vécu d’enfant). Je me dis toujours : « tu guéris ton histoire, tes cris vont cesser à la maison ». Alors certes, ils sont beaucoup beaucoup beaucoup moins présents qu’avant. Mais des accès/excès violents demeurent.
Je viens de prendre conscience en te lisant et écoutant, Camille, qu’il ne me sert à rien de lutter contre les blessures de mon passé. Juste les accepter (j’en pleurai tout à l’heure). Juste m’accepter comme ça, et me donner tout l’amour inconditionnel dont j’ai besoin (j’ai pleuré là aussi).
Bref, je suis un peu « hyper » tout de même ! 😉
Merci pour cet éclairage, ce nouveau point de vue. Car le chemin est long, et parfois décourageant (non que je veuille plomber vos lecteurs !). Je suis aussi votre formation sur la Parentalité Bienveillante et Respectueuse (chapitre 9 du module 1). Ce soir j’avais vraiment l’impression de faire marche arrière. Là je vais mieux. MERCI !
Camille et Olivier · 8 février 2018 at 11 h 00 min
Bonjour Véronique,
Un grand merci pour votre témoignage.
Je suis restée bloquée à essayer de guérir mes blessures émotionnelles pendant si longtemps… pensant moi aussi que cela allait tout résoudre.
Identifier ses blessures émotionnelles, faire des liens avec son passé est pour moi une étape indispensable… puisque nous avons besoin de passer notre souffrance de l’inconscient au conscient pour pouvoir par la suite accepter. Mais accepter, ne veut pas dire que il n’y a plus de souffrances, que la blessure a disparue, que nous vivons que du positif dans un monde parfait, que nous n’allons plus jamais crier…
Oui c’est un long travail… certainement même le travail de toute une vie! J’ai l’impression parfois d’être un gros oignon.. plus j’enlève de couches, plus il y en a…
Aujourd’hui j’essaye de moins m’en demander. Je ne cherche plus à être au top sur tous les plans, je suis ce que je suis. Je fais au mieux chaque jour.
Quand quelque chose remonte, je prends le temps d’accueillir, d’accepter… comme je le peux. Pour retrouver cet état, tout nouveau, qui me nourrit tant, la sérénité.
Je vous serre fort dans mes bras Véronique.
A bientôt
evan boissonnot · 5 février 2018 at 21 h 34 min
bonjour Camille
Je suis bien d’accord avec toi, on doit réussir à penser à soi pour mieux penser aux autres.
J’en parlais dans un de mes articles, avec la métaphore autour de l’avion et des masques à oxygène (https://www.papa-et-patron.fr/vite-vite-des-astuces-pour-rester-zen-avec-ses-enfants/).
Cependant, je dirai attention.
Attention car on peut aussi se complaire et ne pas chercher à s’améliorer.
En somme s’accepter c’est très bien, réussir à connaître ses lacunes, c’est super. Et c’est une première étape.
Accepter que l’on ne peut pas changer le passé.
Une première étape pour s’améliorer.
Car tout changement demande de l’énergie.
Je ne prone pas par contre le parent hyper qui veut toujours être parfait.
Non, je prone ce que l’on trouve en entreprise : l’esprit Lean Startup, l’esprit Kaizen : amélioration continue. On teste, on essaie, et on garde ce qu’il y a de bon, et on cherche les axes d’amélioration.
On doit chercher à être mieux, mais pas à tout prix, simplement pas à pas. Chacun à son rythme. Et surtout ne pas se comparer aux autres, mais se comparer à soi.
Sinon, si personne ne cherche à progresser, on tourne en rond, on tape encore sur nos enfants, on leur hurle dessus, on ….
Non, je dis non, il y a bien d’autres façons de s’exprimer.
Alors, oui ça fait mal, des fois le changement, et il y a des façons de l’accompagner sans se faire mal, sans se faire violence, petit à petit.
Pour ne jamais s’arrêter, pour le bien de nos enfants, pour des enfants qui formeront leurs enfants au bien, à la CNV, …
Etre bienveillant, c’est vouloir le bien : pour soi, pour nos enfants.
Nos enfants veulent-ils qu’on leur crie dessus ?
Nos enfants veulent-ils recevoir des méchancetés des étiquettes qui détruisent la vie, non, je suis sûr que non. L’adulte que nous sommes devenus aurait tellement aimé ne pas être maltraité étant enfant par ses étiquettes, ….
Et penser à nous : on sent de l’énervement, simple : on le décharge ailleurs que sur nos enfants. Par contre on les prévient, on leur dit stop, on les informe (et si pas possible pendant, on le fait après).
La bienveillance se pense aujourdhui, et demain.
AU plaisir
Evan
Chang ParentaliteZen · 6 février 2018 at 9 h 59 min
Bonjour Camille,
J’aime beaucoup cette remise en cause des bases. On connait maintenant bien la définition de la bienveillance et de la parentalité positive. Le Conseil de l’Europe a fait un gros travail pour sensibiliser tout le monde. Pour les plus curieux, les bases sont ici : https://www.parentalitezen.com/piliers-parentalite-positive/
Mais à trop vouloir en faire, on s’oublie parfois ! Il ne faut pas hésiter à penser à soi : on pourrait même parler d’égoïsme bienveillant 😀
LA FAMILLE C’EST COMME UNE MAISON : les parents sont la base et les enfants les étages ! Si on veut une maison stable alors il faut des bases solides.
Merci encore de nous permettre de réfléchir autant.
Marie · 6 février 2018 at 10 h 20 min
Quel teasing! 😀
Là comme ça tout de suite, une question me taraude: comment on fait pour s’aimer?… Qui plus est inconditionnellement!;) Comment ça se passe l’amour inconditionnel de soi?
Bon, je fais la débilos un peu exprès hein mais… je me rends compte que ça ne me parle pas, l’amour inconditionnel de soi, je ne comprends pas vraiment quelle est « la marche à suivre »…
Je crois que je vais aller creuser un peu la question du côté des livres de Nathalie Bridonneau. Les as-tu lu?
Camille et Olivier · 8 février 2018 at 11 h 13 min
Bonjour Marie,
Teasing?
Oui j’ai lu ses deux bouquins, et elle nous a accompagné tous les 2, Olivier et moi, en thérapie. Nathalie Bridonneau est sophro analyste.
Elle propose un accompagnement en physique, par skype en indiv, ou en groupe le week end… http://www.equi-libre-formation.com/les-seminaires/
Je tente demain l’enregistrement d’un nouveau podcast pour répondre à ta question! J’avais commencé à écrire, mais ce sera plus simple pour moi d’en parler de vive voix, et certainement plus compréhensible pour vous.
A très vite
Leo · 3 décembre 2018 at 1 h 59 min
Je ne sais pas comment on fait pour connaitre l’amour inconditionnel quand on n’est pas croyant. Les chrétiens évangéliques (comme la communauté Hillsong par ex) répètent à longueur de journée « Dieu t’aime, comme tu es, et grace a son amour inconditionnel tu vas trouver la force de progresser pour transmettre a ton tour son amour (a toi meme et) à tes proches et a toute l’humanité ». C’est très aidant d’avoir ce socle d’amour inconditionnel.
Si on n’y croit pas j’imagine que ce doit être très dur de trouver la force de s’aimer quoi qu’il arrive. Bonne chance en tout cas
Anna-Maria · 8 février 2018 at 1 h 32 min
Bon rappel pour les moments où on garde tout en dedans, mais qu’au final ça explose tout d’un coup plutôt que d’avoir mis des limites à la bonne place et au bon moment. Par contre, attention à penser toujours à soi d’abord et à s’accepter et à en faire une fatalité. J’ai rien à redire contre l’article, mais plutôt attention à l’interprétation : s’accepter ne veut pas dire de rester au même point et d’imposer aux autres (en l’occurrence le reste de la famille) nos limites, nos blessures et nos défauts, car ils ne sont pas nécessairement sans conséquence sur les autres. Alors oui, s’accepter et se pardonner nos débordements, mais de pair avec travailler sur tout ça et faire des retours auprès des personnes qui peuvent en être affectées. Voilà mon avis!
Camille et Olivier · 8 février 2018 at 11 h 38 min
Bonjour Anna-Maria,
Merci pour votre message.
Je suis d’accord! C’est une des raisons pour laquelle je bloquais avec cette théorie au départ. Je ne voulais pas en entendre parler d’ailleurs!
« Si j’accepte que je suis quelqu’un de stressée, et que je ne cherche plus à me changer… je vais rester stressée… et tout le monde va continuer en subir les conséquences! C’est nul ce truc! Tu cherches juste à satisfaire ton égo… Tu as le droit d’être stressé, con, bête et méchant… Sympa pour l’entourage et l’évolution de l’humanité! Tu continues à abîmer les autres, mais cela te dérange plus… Non, je ne veux pas suivre cette théorie! »
Mais quand il y a une véritable et pleine acceptation, que la tête comprend, ET que nous allons modifier les informations au coeur de nos cellules par l’unification des contraires en soi… il y a un véritable changement. Et qui se fait sans chercher à changer. Si vous modifier les informations, le programme de votre disque dur… il fonctionnera différemment.. c’est pareil pour le corps.
A bientôt
Loup · 15 mars 2018 at 14 h 25 min
Merci pour cet article, c’est exactement ce dont j’avais besoin et je vais le partager avec mon mari dès qu’on sera posés tranquillement tous les deux ce soir, une fois les 4 enfants en train de dormir.
Et je suis sûre que ça lui fera autant de bien qu’à moi et que nous allons pouvoir moins culpabiliser à l’avenir sur nos « ratés » et autres sautes d’humeur tout en continuant d’essayer de faire au mieux pour nos enfants et pour nous et en continuant aussi au fil du temps à « s’améliorer » en temps que parents, en temps qu’êtres tout simplement !!
Merci encore !
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Ces blessures émotionnelles qui nous jouent des tours (et pourquoi nous vous conseillons de ne pas y rester coincé trop longtemps) ! - Les Supers Parents · 15 mars 2018 at 12 h 02 min
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